cosmonaute Crowdfunding, creative Commons... Le cosmonaute, plus qu’un film : une révolution !

Je vous propose une première analyse de leur modèle production et de diffusion, qui devrait ouvrir de nouvelles perspectives au cinéma indépendant. Ce qui pouvait apparaître comme une aberration économique, il y a encore même quelques mois, est devenue une stratégie réfléchie et ambitieuse. Les jeunes responsables de la maison de production, Nicolás Alcalá, Carola Rodríguez et Bruno Teixidor ont, selon eux, juste décidé de voir internet comme un atout et les internautes comme des alliés et non des voleurs. Ils diffusent leur film, comme ils  aiment les voir, gratuitement sur internet, tout en aimant aller les voir en salle, mais en y vivant une expérience (soit avec la technologie 3D ou avec l’apport du transmédias).

A la fois pragmatique et idéologique.

Leurs motivations sont évidemment à la fois idéologiques et pragmatiques. Dans un monde aussi concurrentiel que le cinéma, libérer le contenu de leur film leur donne un atout marketing non négligeable. Sans cette volonté initiale de se démarquer, El Cosmonauta n’aurait peut-être pas vu le jour, il aurait été considéré comme un autre projet de cinéastes indépendants. De cette façon, en faisant appel aux internautes, en créant une communauté autour de celui-ci et en le diffusant avec une Licence Créative Commons, il est clair que le projet devient beaucoup plus attractif pour les médias. Surtout, concrètement sans le soutien des internautes, des milliers de producteurs (à aujourd’hui, près de 5000…) et le soutien d’investisseurs, rien n’aurait pu se mettre en place, la confiance des producteurs a permis de se lancer et de commencer à travailler.

La volonté de faire évoluer le modèle classique de financement et de diffusion d’un film.

Mais l’on oublierait presque l’essentiel, leur engagement. Ils souhaitent être les premiers à montrer qu’ils existent des alternatives au manque d’argent, que la répression n’est pas la solution (que cela soit la loi sinde en Espagne ou la loi Hadopi en France). L’industrie cinématographique est confrontée à un bouleversement, à une totale remise en question de la manière de consommer et de diffuser ses produits et ses films. Pris de panique, elle a longtemps cherché à se défendre et à criminaliser les internautes. Les jeunes producteurs pensent qu’il ne sert à rien de lutter contre la consommation ou contre la liberté qu’offre internet Comme dans d’autres domaines notamment le musique, ce sont les producteurs de films qui doivent chercher de nouveaux modèles économiques et s’adapter. La licence Creative Common est pour Nicolas Alcala, l’avenir et le meilleur moyen d’embrasser le changement.

Qu’a-t-il de vraiment différent ce projet ?

Crowdfunding et Licence Créative Commons

Il y a deux façons de s’impliquer dans la production du Cosmonaute.

Comme producteur régulier, avec un montant initial de 2 €, nommé dans le générique du film, il reçoit un pack de bienvenue et a la possibilité de participer à la loterie et de gagner l’un des costumes utilisés pendant le tournage du film. Un investissement accru dans le film peut être utilisé pour acheter des articles de merchandising dans la boutique en ligne.

En tant qu’investisseur dans le film. A partir de 1000 euros, vous pouvez devenir actionnaire du film et bénéficié de parts des bénéfices du film.

Ensuite évidemment le projet se nourrit de cette relation entre le public et les créateurs. En s’appuyant sur les réseaux sociaux, il compte sur la possibilité qui est offerte de créer une communauté.

Qu’en est-il de sa diffusion ?

Quand à la diffusion, une fois le film achevé tout sera disponible en HD et sous licence Creative Commons sur internet, non seulement le film mais toutes les données enregistrées pendant le tournage du film.

Derrière ce choix, la volonté est de permettre à l’usager ou le spectateur de choisir la manière dont il souhaite voir le film, de lui permettre de le télécharger, de le modifier, de le rééditer. Le pari est fait de laisser vivre le film, la créature n’appartiendra plus à son maître. Il est même prévu un concours pour récompenser les rééditions les plus originales.

En lançant le film gratuitement sur internet dès le premier jour, l’objectif n’est évidemment pas de défavoriser la sortie en salle ou à la télévision. Mais au contraire   de favoriser la création et le partage d’une expérience. L’autre pari est donc de se dire que plus de monde le verront gratuitement, plus de spectateurs seront prêts à le voir en salle d’une manière « augmentée », c’est à dire en bénéficiant ou en ayant bénéficié des apports du transmédia. Appelé  » The cosmonaut Expérience « , s’appuyant à la fois sur l’interaction ludique avec le public et la projection classique, elle offre au spectateur une vrai expérience supplémentaire. Ces projections ne se substitueront pas à la diffusion classique sur internet ou à la télévision, mais seront complémentaires.

Ils n’oublient tout de même pas que le retour sur investissement se fait sur l’exploitation en salle et avec les préventes à la télévision.

Sources :

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